Haïti : 3 ans après rien n’a changé, les Haïtiens non plus !

Article : Haïti : 3 ans après rien n’a changé, les Haïtiens non plus !
Crédit:
13 janvier 2013

Haïti : 3 ans après rien n’a changé, les Haïtiens non plus !

Des journaliers du CNE coupent des herbes sauvages autour de la grosse pierre où le monument à la mémoire des disparus du séisme du 12 janvier devait être érigéJean Marc Hervé Abélard
Des journaliers du CNE coupent des herbes sauvages autour de la grosse pierre où le monument à la mémoire des disparus du séisme du 12 janvier devait être érigé
Jean Marc Hervé Abélard

Trois ans déjà qu’Haïti vit sous les tentes. Trois ans déjà que 2.000 jeunes Haïtiens se sont amputés. Trois ans que mon ami, collègue de travail de surcroît est parti. Comme le 11 septembre 2001 aux Etats Unis, cette date horrible et macabre qu’est le 12 janvier 2010 ne sortira jamais de la tête des Haïtiens tant ils ont souffert.

Généralement, quand on est en danger, on cherche un endroit pour trouver un refuge, mais vous conviendrez avec moi que ce dernier ne se trouve nulle part sur cette planète (la terre). Et lorsque vous voyez que celle-ci est en danger, en bon croyant, on ne peut qu’espérer le paradis comme refuge. En voyant le palais national et la cathédrale de Port-au-Prince s’écrouler sous la puissance du séisme, je ne pouvais pas imaginer le contraire. Sans rien vous cacher, mes chères lectrices et mes chers lecteurs, j’avais fait ma dernière prière dans l’espoir de me créer une place au paradis.

Mais ma grande stupéfaction a été de voir le pouvoir de métamorphose temporaire que l’évènement du 12 janvier 2010 a eu sur mes frères et sœurs Haïtiens.

Quelques minutes après que la terre ait tremblé, tout le monde est devenu apôtre de la bonne nouvelle de repentance. « Repentez-vous ! Ceci est le sort de vos péchés. Cessez de faire la méchanceté , répétait quasiment tout le monde dans le quartier où j’étais ce soir là. Ce jour là, tout le monde était généreux. Il n’y avait pas de classe, on était tous le peuple haïtien. « Je me suis réconciliée avec mon ennemi sans même le savoir », me déclare dans un autobus une femme assise à mes côtés.

J’étais convaincu qu’Haïti allait changer. Qu’enfin les Haïtiens allaient se mettre ensemble pour mener à bien le pays de Jean Jacques Dessalines.

Mais hélas !

Les gangs rivaux continuent de s’affronter lors des élections. Les hommes politiques suivent encore le chemin des beaux discours pour n’arriver qu’à la destination des actions insensées. La communauté internationale garde toujours la même position : transiter l’aide par les ONGs, qui ne cessent de financer des projets pour ne voir que dalle à la fin comme résultat.

Quelles sont les dispositions qui ont été prises pour prévenir une catastrophe du genre ? Aucune. Tout le monde se lève un bon matin, trouve une portion de terre et construit une maison. Sans que la mairie, l’instance chargée de donner les permis de construire, ne dise rien.

Dans la deuxième ville du pays (Cap-Haïtien), le risque est imminent. Un exercice de simulation a été fait au cas où la colère sismique se fasse sentir dans le nord, mais les constructions anarchiques continuent à un rythme effréné.

Maison en construction, par Cyrus Sibert, RESEAU CITADELLE
Maison en construction, par Cyrus Sibert, RESEAU CITADELLE

12 janvier objet de baratin

Pendant que des milliers de gens souffrent de la perte d’un proche, certains utilisent l’évènement du 12 janvier pour embobiner d’autres personnes. Comme cet homme qui raconte à presque tout le pays que sa maison s’est effondrée suite au séisme avec sa voiture dans le parking, alors qu’il ne possédait pas en réalité même une bicyclette. Peut être qu’il a raison de mentir, car en Haïti trop souvent la valeur d’un homme se définit à la mesure de ce qu’il possède.

Par contre, en regardant l’ampleur de la commémoration du 12 janvier par les autorités haïtiennes, on ne peut pas trop s’en prendre à cet homme. Une célébration à la hauteur des semelles, car même le monument promis par le président Michel Joseph Martelly au plus de 200.000 disparus reste jusqu’à aujourd’hui, trois ans après, un baratin.

Partagez

Commentaires

Osman Jérôme
Répondre

Superbe réflexion frangin, même si l’avis n’est pas partagé à 100%100. C’est vrai, avec au tant de millions décaissés, le projet de reconstruction devrait être plus visible, mais dans un pays comme Haïti, sensible à moindres catastrophes naturelles, dont les ouragans notamment, trois ans après, devrait-on s’attendre à un miracle ? Voire que, nos dirigeants perdent graduellement la notion de vision du changement, le sens de responsabilité. Contrairement au titre de ton billet, je crois que, des progrès sont enregistrés, même si le gros du travail reste encore à réaliser

Wilney Taris
Répondre

En fait Osman, mon empressement pour terminer cet article ne m'a pas laissé le temps de commenter ton article "Trois ans après : Haïti lentement, surement ?". Mon frère, a tous les niveau, dis moi qu'est ce qui a été fait concrètement? A part cette nouvelle bidonville "Canaan" qui vienne allonger cette liste déjà trop longue.

Patrick
Répondre

Wilney, vous me semblez faire une excellente description de la realite haitienne d'apres le seisme du 12 janvier 2010. Je pense que vous etes tres complaisant au vu de ce que nous vivons presentement. Vous auriez pu decrire mieux decrire la realite actuelle, aussi criante soit-elle, a M. Osman. De toutes facon votre article va droit au but et resume une situation politico- economique et sociale castastrophique. En toute realisme, on ne s'attendait pas a des changements majeurs, mais on esperait enfin partir sur d'autres bases, rebattre les cartes. C'est ce chainon manquant, que je suppose, que vous essayez d'identifier dans votre article, que je veux surtout signaler a M. Osnam !

Wilney Taris
Répondre

Merci Patrick. De toute personne ne s'attendait a un miracle mais au moins une prise de conscience pour faire avancer les choses. "rebattre les cartes" mais rien.

Bernard
Répondre

C'est le prix a payer pour melanger popullisme et democratie. Pour proprement faire l'analogie, Haiti s'est dotee d'une voiture haute gamme sans pour autant posseder de permis de conduire. Nous faisons la politique a la francaise, un gouvernement bicepahale avec en surplus un parlement tout puissant. Comme par malheur, l'injection d'un tropisieme composant: la co-habitation. Definitivement, on ne pouvait attendre ou atteindre mieux.

Frantz
Répondre

Mes amis, moi qui vit dans le pays, je peux dire que rien ne va de l'avant. A cause les maux affligées dans le pays après le depart de Jean Claude, rien, rien rien n'a jamais avancé. Comment peut-on vivre dans un pays ou il n'y a pas de lois sur la consommation? Comment peut-on vivre dans un pays ou pour trouver un permis de construction c'est du casse tete chinoise? Comment peut-on penser au developpement sans penser a rehausser sa production? Comment peut-on penser au developpement sans penser a renouvelopper leur partie politique? En Haiti, on dirige comme des rois et tous qu'on fait on le fait de son gout. Mais on oublie si le peuple existe. Pour moi la reconstruction reste et demeurt un defi pour n'importe quel gouvernement que ce soit Martelly-Lamothe ou d'autre....
Moi je pense à la renouvellement des classe politiques car nos problemes sont des problemes politiques.......